Depuis la période coloniale, les autorités politiques ont maintenu une cohabitation entre l’éducation classique et l’école coranique traditionnelle communément appelée <<daara>> qui est restée la source des premières humanités de formation islamique ayant comme principal objectif la mémorisation du saint coran, le daara a conservé un fonds traditionnel qui l’a longtemps maintenu dans l’immobilisme.
Des archives coloniales datant de 1857 (Sous administration faidherbe) faisaient déjà mention de la prise en charge de l’enseignement arabo-islamique avec l’octroi d’autorisation d’exercer la profession de maître d’école arabe délivrée par le Maire.
Saint Louis a par conséquent engrangé dans son passé plus d’un siècle de pratique de l’enseignement arabo-islamique.
De grandes familles Saint louisiennes s’y ont investies, faisant de cette activité, un véritable sacerdoce.
saint louis garde une grande notoriété dans ce domaine et est devenue le passage obligé de plusieurs talibés migrants en quête de parfaire leur culture en sciences islamiques.
Le Boroom daara s’est trouvé confronté a des problèmes d’intendance pour assurer la nourriture des talibes.
La mendicité qui en a été la conséquence est le problème qui préoccupe les associations caritatives et trouble le sommeil des autorités gouvernementales.
c’est dans ce contexte que l’Association pour la Coordination et l’Entre-aide des Actions religieuses (A.C.E.A.R) a réfléchi sur l’éventualité de la mise en place d’un projet a l’échelle de la commune de Saint Louis.
La phase pilote est la constitution d’un cadre permettant l’insertion du talibés dans la vie active ceci passe par la mis à contribution des N’DEYU Daara de A.C.A.R dans un projet intitulé : »YEKKU DAARA.
Depuis l’arrivée de l’islam dans nos pays, la connaissance de cette religion s’avère fondamentale pour une meilleure pratique. Les parents confient leurs enfants à un maitre coranique pour qu’ils puissent apprendre les versets coraniques, comprendre la religion, avoir l’éducation de cette religion entre autre. Pour cela, ces enfants travaillent pour le maitre en vue d’avoir sa bénédiction, et le maitre, à son tour, les nourrit, telle était la pratique d’antan. Mais aujourd’hui, les talibés sont en passe de devenir une source de richesses pour le maitre coranique. Les maitres coraniques font tout pour amener les talibés dans les villes car, c’est dans ces endroits qu’ils peuvent générer des ressources.
Certains maitres vont jusqu’à fixer des quotas aux talibés par jour. En effet certains talibés n’arrivent même pas à étudier à cause de cette pratique. Ils sont obligés de faire face au vent, à la tempête et au soleil pour quémander.
Certains s’adonnent au vol, d’autre retournent à des heures tardives la nuit, ou passent même la nuit dehors car, gare-à-toi si tu n’amènes pas l’argent exigé par le maitre. Dans les témoignages de certains talibés qui n’ont même pas l’âge de faire des études c’est-à-dire 7 ans, ils sont tabassés si le montant exigé n’est pas atteint.
Les abords des voies publiques, les ronds-points, les domiciles sont des lieux pour quémander. Selon un de nos interlocuteurs, un tel comportement est souvent la cause d’accidents de circulation pour les talibés. Certains sont souvent des proies faciles pour les bandits et les terroristes comme l’on à constater en 2012. Certains talibés de Niono se sont retrouvés dans les pièges des terroristes au Nord du Mali. Une fois malades les maitres ne s’occupent pas d’eux, ils sont obligés d’aller quémander des médicaments, des personnes de bonne volonté leur donnent quelques cachets. Les parents ne cherchent même pas à savoir où sont leurs enfants ni les conditions dans lesquelles ils se trouvent.
Après ces études de galère, sinon d’esclavage, ils n’ont aucune issue professionnelle. Certains deviennent des marabouts, d’autre des vagabonds ou maitres coraniques pour répéter les mêmes pratiques qu’ils ont subis. Certains maitres approchés pour la circonstance affirment que les conditions de vie ont changé. Auparavant les maitres coraniques avaient des champs de culture et les talibés pratiquaient l’agriculture pour le maitre qui, à son tour, les nourrissaient. Ainsi les élèves coraniques avaient tout le temps pour étudier. Mais aujourd’hui, les terres viennent à manquer. Les talibés deviennent une charge pour le maitre qui n’a pas d’autre source de revenu, d’où la nécessité d’envoyer les talibés dans les rues pour quémander.
Face à cette situation, tout le monde a sa part de responsabilité. L’obligation de connaissances des versets coraniques, si l’on est musulman, se pose. Mais les parents doivent prendre leur responsabilité en payant les études de leurs enfants et afin que ces derniers restent à leurs côtés. Les autorités doivent également prendre des décrets pour que cette étude, informelle, devienne formelle. Les maitres coraniques aussi doivent avoir peur de Dieu pour éviter la souffrance de ces enfants qui sont innocents.
La mise de la science en pratique :
Allah dit : « Commanderez-vous aux gens de faire le bien, et vous oubliez vous-mêmes de le faire, alors que vous récitez le Livre ? Êtes-vous donc dépourvus de raison ? »
L’Envoyé d’Allah a dit :
« Celui qui enseigne aux autres en s’oubliant soi-même, est comparable à une lampe qui éclaire aux autres alors qu’elle brûle soi-même. »
La Sincérité :
Il incombe à celui qui appelle à une voie droite de jouir d’une connaissance des règles religieuses, d’être sincère en appelant à Allah afin qu’il soit considéré en tant que successeur au Prophète, un savant en matière religieuse, de savoir qu’on ne peut joindre la sincérité du cœur à l’éloge et aux compliments des hommes, comme il est impossible que le feu et l’eau se réunissent ensemble.
L’Envoyé d’Allah dit : « Au jour de la Résurrection, Allah le Très Haut et Béni descendra auprès des serviteurs pour les juger à un moment où toute ma communauté se serait agenouillée. Les premiers à comparaître seront : un maître du Coran, un combattant dans le chemin d’Allah, et un homme très riche.»
Omar Ibn El Khatab a écrit à Moussa Al-‘Achari : « Tout homme qui est sincère envers Allah, Allah le préserve [de la nuisance] des hommes ».
La Loyauté :
Il s’agit d’être loyal et apte en appelant Allah et transmettant ses prescriptions et enseignements et en rapportant tout ce qui est authentifié des traditions et de la sounna de l’Envoyé d’Allah.
Allah dit aussi :
« Et ne dites pas, conformément aux mensonges proférés par vos langues : « Ceci est licite, et cela est illicite », pour forger le mensonge contre Allah. Certes, ceux qui forgent le mensonge contre Allah ne réussiront pas. » Sourate les Abeilles
Le Prophète a dit : « Celui qui interprète le Coran à sa guide ou sans connaissance qu’il soit prêt pour occuper sa place à l’Enfer.»
Abou Bakr a dit : « Quel ciel puisse me couvrir ou une terre me supporter si j’interprète un verset du Livre d’Allah sans connaissance ».
La Patience :
Allah a dit au sujet de Luqman :
« Ô mon enfant, accomplis la Salat, commande le convenable, interdis le blâmable et endure ce qui t’arrive avec patience. Telle est la résolution à prendre dans toute entreprise ! » Sourate Luqman 17
Abou Dhar a dit : « Mon ami le Prophète m’a recommandé de jouir de certaines qualités du bien : de ne plus craindre pour la cause d’Allah le blâme de celui qui blâme et de ne dire que la vérité même si elle est amère ».
La Clémence est l’indulgence :
Allah dit :
« Et dis à Mes serviteurs d’exprimer les meilleures paroles, car le Diable sème la discorde parmi eux. Le Diable est certes, pour l’homme, un ennemi déclaré. »
Aicha a rapporté que l’Envoyé d’Allah a dit : « Allah est indulgent et aime l’indulgence. Il octroie contre l’indulgence ce qu’Il n’octroie pas à la violence ni à une autre qualité. »
La facilité et l’annonce d’un espoir aux négligents :
Allah dit :
« Et Allah veut accueillir votre repentir. Mais ceux qui suivent les passions veulent que vous incliniez grandement (vers l’erreur comme ils le font). Allah veut vous alléger (les obligations,) car l’homme a été créé faible. » An nissa 27 – 28
« Dis à ceux qui ne croient pas que, s’ils cessent, on leur pardonnera ce qui s’est passé. Et s’ils récidivent, (ils seront châtiés); à l’exemple de (leurs) devanciers. »
Le Prophète a dit : « La religion est facile à pratiquer. Quiconque cherche à être très rigoureux dans les pratiques religieuses, sera vaincu. Faites ces pratiques dans la mesure de votre capacité, cherchez à vous rapprocher de la perfection dans ces pratiques et réjouissez-vous [de la récompense qui vous sera rétribuée].Le matin, le soir et une période de la nuit, sont les moments de préférence pour vous livrer aux exercices de piété ».
La piété : La piété consiste à être vertueux de sorte
qu’on soit un exemple pour les autres dans l’adoration d’Allah, l’ascétisme, la crainte révérencielle d’Allah, l’affection et la modestie envers les croyants.
Allah a dit :
« Et qui profère plus belles paroles que celui qui appelle à Allah, fait bonne œuvre et dit : “Je suis du nombre des Musulmans ? »
Qu’Allâh nous guide sur le droit chemin, le chemin tracé par Son Noble Messager, Ses Compagnons, et ceux qui les ont suivis, Allâhumma Âmîn.